L’activité physique intense et, ou prolongée favorise des troubles fonctionnels ou altérations physiologiques qui sont généralement pus ou moins liés entre eux de façon directe et, ou indirecte. Il y a par exemple les douleurs articulaires, la baisse du système immunitaire, les troubles digestifs procurant de l’inconfort ou encore un épuisement, voire phase(s) de surentrainement (corrélée(s) avec une diminution des performances, malgré une charge d’entraînement élevée. Il faut considérer que chaque sportif est unique et différent du partenaire d’entraînement. Ainsi, les notions de seuil de tolérance, d’apparition de tel ou tel symptôme sont très variables.
Je vais donc vous présenter d’une façon globale, à partir des retours terrains que je peux avoir jour après jour avec les sportifs que je suis, les différentes problématiques rencontrées lorsque l’équilibre est rompu à certaines périodes au cours de la saison. Je ne propose pas de solutions dans cet article, mais je vous renvoie tout au long de l’article vers des documents permettant de bien se prendre en charge, notamment au niveau alimentaire. Ainsi, pour faciliter la mise en œuvre d’une activité physique régulière dans de bonnes conditions, il est intéressant de bien préparer le terrain, c’est-à-dire son organisme afin de profiter pleinement de l’effort et ce, sur plusieurs niveaux en suivant un fil directeur à la fois chronologique et logique.
Sommaire
Le lien entre activité physique et bonne santé
L’activité physique est un élément majeur de la santé, elle a une action positive lorsqu’elle est régulière (optimum tous les jours, minimum tous les deux jours) et modérée. L’activité physique a un impact sur la manière même dont nos gènes sont exprimés : elle permet l’expression de nombreux gènes qui sont inexprimés lorsque nous sommes inactifs. Ces gènes permettent de réguler l’état d’inflammation systémique, impliqués dans la régulation de la glycémie (insulinorésistance…), le surpoids, l’obésité, l’athérosclérose, les dégénérescences mentales (maladies d’Alzheimer, Parkinson, Huntington…) ou encore les cancers. Une activité physique régulière va stimuler l’expression de ces gènes et protéger ainsi l’organisme. C’est ce que l’on appelle les bénéfices sournois de l’activité physique correspondant à la partie immergée de l’iceberg. Il est donc nécessaire que le sportif entretienne un « bon terrain « pour profiter pleinement des activités physiques et sportives sur les plans santé, plaisir et performance.
Quels sont les bénéfices de l’activité physique ?
Les bénéfices de l’activité physiques sont multiples, ce n’est plus un mystère ! Parmi eux, on peut citer :
- Le confort articulaire,
- L’équilibre immunitaire,
- La santé cardio-vasculaire et la prévention des différents facteurs associés : dyslipidémies (cholestérol, triglycérides, …), hypertension artérielle (HTA), gestion du stress…
- L’équilibre pondéral, la prévention du surpoids et de l’obésité,
- La régulation de la glycémie et la prévention du diabète sous toutes ses formes,
- L’équilibre psychologique,
- La prévention de la fonte musculaire (sarcopénie),
- La prévention de la fonte osseuse, de l’ostéoporose et In fine la réduction des chutes et des fractures,
- L’aide au sevrage tabagique et aux différentes addictions : alcool, drogues diverses, médicaments…
- L’intégration sociale en favorisant les liens les liens interpersonnels, l’équilibre familial…
L’importance d’une alimentation diversifiée et variée
L’alimentation reste la clé de voûte concernant le terrain prophylactique au fil du temps, diversifiée et variée, organoleptique afin de faire plaisir à tous les sens tout en apportant eau, macronutiments (protides, lipides, glucides) et micronutriments (vitamines, minéraux, oligoéléments…) en quantité/qualité au regard des besoins liés aux activités physiques et/ou sportives.
La complémentation éventuelle à l’alimentation de base
Si on reprend les besoins spécifiques chez le sportif, on peut citer plusieurs points nutritionnels critiques au niveau des éléments suivants :
Chaque nutriment, par ses rôles spécifiques, ses déficiences plus ou moins fréquentes entraînera une prise en charge nutritionnelle unique pour un sportif unique selon le public concerné (homme, femme, enfant, enceinte, allaitante, sénior, sports d’endurance, force, végétariens, intolérances…), ses principales sources (différents groupes alimentaires), ses biodisponibilités concernant les phénomènes d’absorption et d’assimilation .
Les différents troubles fonctionnels
Avant toute chose, il faut définir ce qu’est un trouble fonctionnel, il s’agit d’un problème qui n’a pas de lésion. Exemple de lésion, vous sprintez, grosse douleur vive aux ischios, il y a de grandes chances que ce soit une déchirure. Du coup, il y a un protocole établit pour guérir… un trouble fonctionnel est plus abstrait.
Troubles fonctionnels au niveau de la sphère cérébrale
Trop souvent oubliées ou prises sur un second plan avant les aspects physiques, techniques et tactiques, les fonctions cérébrales sont très sollicitées pendant les activités physiques et sportives. Parmi elles :
- Concentration, mémorisation, visualisation, attention à la base de la performance,
- Créativité, imagination, anticipation, intuition,
- Résistance aux différents facteurs de « stress » : compétitif, familial, professionnel …,
- Analyse et transfert des informations sensorielles (vue, ouïe, toucher…) aux fonctions périphériques (muscles striés) mais aussi centrales (muscle cardiaque) …
De nombreux retours terrains font état de l’importance de prendre en charge la sphère cérébrale chez le sportif amateur ou professionnel. Je vous en cite quelques uns :
- Troubles nerveux, angoisse, angoisse, « stress » pré-compétitif,
- Problèmes de fatigue anticipée liés au stress aigu ou chronique,
- Dépressions ou « pseudo-dépressions » saisonnières ou post compétitives (suite à un échec par exemple),
- Equilibre émotionnel perturbé, « tensions » avec le cercle privé (staff, famille, amis…) et extra-privé (presse, rumeurs,…),
- Problèmes de sommeil chronique pendant la saison perturbant la récupération, la gestion du stress, le comportement alimentaire…
D’où l’intérêt d’avoir recours à un psychologue, préparateur mental pour mieux aborder vos compétitions.
Troubles fonctionnels au niveau des sphères cardiovasculaire et pulmonaire
Les fonctions cardiaques et pulmonaires sont indispensables à la performance sportive (oxygénation, transport). L’entrainement vise, en grande partie, à optimiser les fonctions cardiaques et vasculaires. Le cœur joue le rôle de pompe, moteur.
Les fonctions du couplage des systèmes cardiovasculaire/ pulmonaire:
- Distribution du sang aux organes, de l’oxygène et des nutriments indispensables,
- Elimination du dioxyde de carbone et des autres déchets du métabolisme cellulaire,
- Position centrale : organe pilier de l’organisme.
Lorsque ces sphères sont déséquilibrées, les retours terrain principaux sont les suivants:
- Problèmes de décompensation secondaire à de l’embonpoint et/ou à la reprise du sport, de la saison,
- Diminution de la perfusion au niveau musculaire (capillarisation moins importante),
- Récupération plus longue,
- Augmentation des problèmes musculotendineux,
- Perturbation de l’équilibre cérébral due à une moindre oxygénation. : sommeil, humeur, gestion du stress…
Je conseille toujours aux sportifs d’avoir un suivi cardiologique et éventuellement pulmonaire pour leur bien-être et à titre préventif.
Troubles fonctionnels au niveau de la sphère intestinale
Les principales fonctions de l’intestin sont :
- La digestion et l’absorption des nutriments énergétiques, des acides aminés, des vitamines et minéraux,
- Les défenses immunitaires (80% cellules),
- Un transit et un confort intestinal optimisés…
Concernant l’importance de la sphère intestinale, celle-ci reste axée sur certains points-clés:
- Le renforcement de la résistance aux infections,
- La modulation du système immunitaire,
- La modulation de la perméabilité intestinale,
- La modulation du transit,
- La production d’enzymes (notamment la lactase pour la digestion du lactose),
- La synthèse et absorption de vitamines,
- L’absorption de certains minéraux (Ca, Mg, Fe, Zn),
- Le rétablissement de la flore intestinale après un traitement médicamenteux (AINS, ATB…)…
Lorsque cette sphère est déséquilibrée, les retours terrain sont nombreux et les principaux sont les suivants:
- Les troubles digestifs pendant et après l’effort : nausées, vomissements, diarrhées…,
- La fragilisation du système immunitaire : immunodépression hivernale, en fin de saison ou après des blocs de charge intenses,
- Les infections à répétition pendant la saison,
- Les déséquilibres post médicamenteux fréquents : AINS, ATB…
Coup de projecteur sur l’ischémie intestinale à l’effort
L’ischémie intestinale provient du fait que l’organisme est programmé pour préserver les organes essentiels à la réaction de stress (fight or flight, se battre ou fuir) : le cœur, le cerveau et les muscles squelettiques. En cas de pénurie énergétiques (ex : exercice long ou intense), les vaisseaux intestinaux se contractent pour limiter l’irrigation intestinale et favoriser l’irrigation des organes vitaux. C’est l’ischémie intestinale, résultant en un appauvrissement en oxygène et une réduction des échanges avec l’organisme. Toutes les fonctions intestinales (transit, digestion, absorption et barrières) sont réduites. Lorsque l’exercice physique est moins intense ou s’arrête, les vaisseaux sanguins se dilatent et irriguent de nouveau normalement l’intestin. C’est la reperfusion, accompagnée d’une arrivée importante d’oxygène qui induit un stress oxydant très intense.
L’ischémie-reperfusion intestinale est très fréquente dans les sports d’endurance et les sports intermittents. Elle est responsable des douleurs abdominales, diarrhées, vomissements et parfois d’hémorragies intestinales (estomac, intestins). Cela se traduit par une baisse des performances voire un abandon, parfois un arrêt des entrainements et dans de rares cas des interventions médicales. Les sports à onde de choc non portés comme la course à pied accentue les troubles dus entre autre aux micro-lésions au niveau intestinal favorisant saignement et méléna (présence de sang dans les selles).
L’ischémie intestinale réduisant la digestion et l’absorption, il est primordial d’utiliser des nutriments très assimilables au cours de l’exercice. C’est pour cela que l’on utilise des mélanges de glucides (fructose/glucose) qui utilisent différents transporteurs intestinaux (pour éviter la saturation des transports) ou des acides aminés branchés (BCAA) au lieu de protéines plus difficiles à digérer au cours de l’exercice. Dans cette même logique, pour un même apport, les aliments liquides (boissons) et semi-liquides (crèmes…) seront privilégiés aux aliments solides.
Remarque : une complémentation en probiotiques sera intéressante en continu, aussi bien en précompétitif, qu’au cours de la saison et en post-compétitif (prévention des infections).
Troubles fonctionnels au niveau de la sphère hépatique
Les fonctions hépatiques sont essentielles à la bonne réalisation d’un exercice physique. Organe étroitement lié à l’intestin (anatomiquement et fonctionnellement) et asymptomatique, le foie filtre tout ce qui est absorbé par l’intestin. Ces fonctions sont toutes dépendantes de la vitesse des échanges entre le sang et les hépatocytes. En conditions normales, entre 1,5 et 1,8L de sang sont filtrés par le foie toutes les minutes. Les retours terrains qui doivent alerter sont généralement des symptômes associés à l’intestin.
Parmi les principales fonctions du foie :
- Détoxication,
- Equilibre acido-basique,
- Tolérance immunitaire,
- Synthèse d’hormones, de transporteurs…,
- Digestion et homéostasie des lipides,
- Métabolisme énergétique, des lipides, protides, glucides et vitamines.
Lorsque cette sphère est déséquilibrée, les retours terrain sont nombreux et les principaux sont les suivants:
- Troubles digestifs avant, pendant et après l’effort : nausées, vomissements, diarrhées…,
- Ralentissement de la digestion,
- Prise de poids,
- Œdèmes et troubles circulatoires après les efforts de longue durée (marathon, triathlon, trail…) ,
- Fragilisation du système immunitaire : immunodépression hivernale, en fin de saison ou après des blocs de charge +/- importants,
- Problèmes inflammatoires diverses à différents niveaux (articulaire, musculaire, tendineux…),
- Infections à répétition pendant la saison,
- Déséquilibres post médicamenteux fréquents.
Remarque : Une réduction des échanges entre le sang et les cellules du foie (hépatocytes), due à une accumulation hépatique de triglycérides (stéatose) ou à une fibrose hépatique, altère donc l’ensemble des fonctions hépatiques. On parle alors d’insuffisance hépatique chronique.
Une alimentation détoxifiante en début et fin de saison sera intéressante à réaliser chez le sportif.
Troubles fonctionnels au niveau de la sphère ostéo-articulaire
Les fonctions articulaires peuvent être altérées par l’activité physique intense et/ou longue, notamment au cours de la reprise d’une activité et en fin de saison. Les pertes minérales et le terrain acide peuvent conduire à des risques de fractures accrus, d’inflammations (périostite…).
Parmi les fonctions du système ostéo-articulaire :
- Processus continu de remaniement des os et articulations : cycles de formation et destruction,
- Bon fonctionnement, souplesse et mobilité des articulations,
- Solidité osseuse : minimiser le risque de fractures traumatiques et/ou de fatigue,
- Articulations : protéger les os des chocs et compressions (« amortisseur ») et favoriser le mouvement entre deux os (« lubrifiant »).
Lorsque cette sphère est déséquilibrée, les retours terrain principaux sont les suivants:
- Troubles avec gênes articulaires dues à la répétition systématique des gestes sportifs : usure des zones cartilagineuses, apparition d’arthrose à différents stades et de manière +/- précoce,
- Problèmes de rigidité articulaire sur le temps,
- Fractures à répétition dues aux charges élevées d’entraînement et à l’intensité des compétitions,
- Corrélation poids / activité non portée (marathon, trail, ultra…) / arthrose,
- Mais aussi retour de nageurs pour des gênes articulaires au niveau des épaules et des hanches… donc tous les sportifs sont concernés !
Troubles fonctionnels au niveau des défenses immunitaires
Les fonctions immunitaires sont stimulées par l’exercice modéré quotidien, par contre une immuno-dépression est induite par l’activité intense et/ou longue de manière chronique. Les sportifs de bon ou haut niveau sont plus sujets aux infections hivernales. Des allergies alimentaires sont également fréquentes, du fait de la sensibilité intestinale induite par l’ischémie/reperfusion en chronique tout au long de la saison.
Les principales fonctions immunitaires sont les suivantes :
- Maintenir l’intégrité de l’organisme en le protégeant face aux infections (bactéries, parasites, champignons,…) lorsque le sportif est soumis à forte contribution : compétitions, charges d’entraînement élevées, changements de saison, reprise…,
- Résister aux agressions hivernales,
- Tolérance aux phénomènes et processus allergisants,
- Limiter les inflammations…
Lorsque le sportif est immunodéprimé, les retours terrain principaux sont les suivants:
- Intolérance à certains allergènes alimentaires à l’effort, inexistants au repos : lactose, gluten, …,
- Infections des voies supérieures fréquentes en saison hivernale,
- Infections fréquentes en fin de saison ou suite à une compétition majeure (facteur « stress ») : marathon, Ironman, tournoi, course à étapes comme le Marathon des Sables …
Une solution au niveau alimentaire => article sur les défenses immunitaires.
Troubles fonctionnels et équilibre acido-basique
L’équilibre acido-basique est altéré par l’activité physique intense, du fait de l’augmentation du métabolisme énergétique et de la production d’acides (lactique, urique…). Il est nécessaire pour maintenir un fonctionnement optimal de l’organisme (notion de pH optimal pour le bon fonctionnement de l’organisme): activités enzymatiques, vie cellulaire, métabolisme énergétique, nutritionnel, tissulaire…
Les conséquences visibles chez les sportifs au niveau des retours terrains sont des fractures (micro et macro), des troubles digestifs, une faiblesse musculaire, une récupération difficile et plus longue, des lithiases rénales (calculs rénaux), des douleurs articulaires, un sommeil perturbé, un trouble du comportement alimentaire…
Une solution au niveau alimentaire => article sur l’équilibre acido-basique.
Troubles fonctionnels et stress oxydant
Le stress oxydant est généré par le métabolisme énergétique lié à l’exercice. A dose modérée, il force les adaptations naturelles de l’organisme pour améliorer le rendement à l’effort. A haute dose et chronique, lorsque la charge d’entraînement est élevée et est couplée à une récupération non optimale tout au long de la saison, le stress oxydant fragilise le terrain des sportifs à tous les niveaux : intestinal, hépatique, cardiovasculaire, ostéoarticulaire, musculaire….
Une solution au niveau alimentaire => article sur stress oxydatif.
Conclusion
En conclusion, c’est là que prend la notion de « juste milieu » au cours de la saison, ni trop, ni trop peu ! Chaque sportif doit apprendre à se connaître au fil du temps, année après année, en fonction des différents feedbacks que lui donnent le terrain en échange, s’entourer aussi de professionnels compétents (préparateur mental pour l’axe cérébral, ostéopathe pour l’axe ostéoarticulaire mais pas que… diététicien,…) … Une certaine forme de sagesse prendra forme et permettra d’éviter de refaire les mêmes erreurs dans un but prophylactique au niveau santé, performance et plaisir.