Rappelons que le comportement alimentaire est au centre de la relation entre l’individu et les aliments. C’est notre rapport (sensoriel, émotionnel, physique…) avec ce que l’on mange !
J’aborde dans cet article principalement les troubles plus connus que sont l’anorexie mentale et la boulimie puis, dans un second temps, l’orthorexie, très liée à la restriction alimentaire, qui « n’étant pas des troubles mais des comportements adaptés », concernent plus les sportifs.
Trouble du comportement alimentaire : définitions
L’anorexie mentale
Elle se définit selon six critères (classification DSM IV ou Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) :
- Un refus, une peur de maintenir ou d’atteindre un poids minimum normal pour l’âge et la taille ;
- Une peur intense de devenir obèse, alors que l’indice de masse corporelle (IMC) est inférieur à la normale ;
- Une perte de poids de plus de 15%, avec un poids inférieur chez l’adulte à un IMC de 18.5 (kg.m-2, fourchette normale « théorique » : 18.5 – 25) ;
- Un déni de la gravité de l’état nutritionnel ;
- Une aménorrhée (absence de règles chez la femme) de plus de trois mois.
La boulimie
Elle se définit selon quatre critères (DSM IV) :
- La survenue de deux crises compulsives minimum par semaine
- L’ingestion massive et rapide de denrées alimentaires associé à un sentiment de perte de contrôle;
- Comportements compensatoires : vomissements, laxatifs, hyperactivité physique…
- L’estime de soi est influencée de manière excessive par le poids et la forme corporelle.
Caractéristiques communes
Toutes les deux sont des maladies qui touchaient essentiellement la femme, mais les hommes sont de plus en plus concernés. Les régimes hypocaloriques, draconiens, mal équilibrés et non suivis par des professionnels de santé (diététiciens entre autres) favorisent leur survenue. Dans ¾ des cas, l’anorexie mentale est précédée d’un régime. Les adolescentes et jeunes femmes qui pratiquent souvent les « diètes anarchiques » ont environ trois fois plus de risque de développer un TCA (anorexie, boulimie). L’importance « exagérée » accordée à la minceur est aussi un facteur favorisant.
De plus, l’hyperactivité physique et mentale est très souvent associée : marche interminable, course jusqu’à l’épuisement, montées d’escaliers à ne plus en finir, tours de vélo à l’infini !… enchaînements d’activités sans temps de récupération et un minimum de repos! Le surentraînement est très souvent retrouvé dans cette population par la suite ! Les déficiences, voire carences, sont souvent multiples : acides aminés et acides gras essentiels, vitamines, oligoéléments, minéraux… La dénutrition est une des principales complications avec perte de la « masse active » (muscle, os, …), potentialisée par la surcharge de dépenses énergétiques ! Les conséquences globales pour les sportifs peuvent être désastreuses sur le moyen et long terme sur la performance finale … malgré la perte de poids « trop » significative quantitativement mais « destructurée » qualitativement !
L’orthorexie et la restriction alimentaire : problème des sportifs !
L’orthorexie est très souvent retrouvée dans les populations de coureurs à pieds et notamment coureuses. Quesako ? Il s’agit de « la pensée obsessionnelle du diététiquement correct ». La souplesse est remplacée par la rigidité des paramètres qui encadrent leur alimentation : contrôle permanent, quantité « plus ou moins pesée », aliments catégorisés « interdits » et évincés des menus, les matières grasses, charcuteries, fromages sont supprimés car faisant soi-disant « Grossir » ! … En d’autres termes, le comportement alimentaire fonctionne comme un système sur un mode binaire (« interdit » ou « autorisé »), empirique (« 200g et pas 300g ») et… rigide où la silhouette est l’objet central de la préoccupation de la personne concernée!
Enfin, et c’est ce qui correspond le plus au milieu sportif, c’est la restriction alimentaire (apports inférieurs aux besoins réels) visant simplement à atteindre un poids bas (la plupart du temps inférieure au poids de forme mais tout en restant acceptable avec un ratio masse maigre/masse grasse plus ou moins correct !). Cela est retrouvé dans la plupart des sports d’endurance (semi, marathon, trail, ultra…), sports à catégories de poids (judo, boxe…), sports à visée esthétique (danse, fitness…).
Sportivement.
Nicolas AUBINEAU
Diététicien Nutritionniste du sport et en clinique
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