L'alimentation par discipline

L’alimentation du joueur de tennis

Par Nicolas - 35 minutes de lecture
alimentation au tennis

Le tennis regroupe quatre facteurs qui sont très liés et interdépendants à tous les niveaux de jeu : la coordination, la puissance, la composante énergétique des différentes actions de jeu et la capacité de récupération rapide. Chaque discipline sportive a ses spécificités alimentaires, que ce soit un sport d’endurance ou de vitesse, individuel ou collectif, porté ou non (etc.). Le tennis moderne doit se confronter à l’idée, et admettre, que tout joueur raisonnable doit posséder un répertoire de base assez large où intervient de façon considérable le physique, condition de l’émergence et du maintien de ses réalisations, de la technique au cours non seulement d’un match mais d’une série de matchs caractérisant les tournois et l’alimentation. Il y a un rapport étroit qui lie la forme physique avec la diététique.

Sommaire

Les spécificités de l’alimentation au tennis

Le joueur de tennis, comme tout sportif, doit compenser ses dépenses énergétiques par un apport spécifique nutritionnel qui optimisera ses performances. Lorsqu’un individu accomplit un effort, cela nécessite différents types d’adaptation (cardiovasculaire, consommation d’oxygène et biochimique). Schématiquement, on peut considérer que le muscle est un moteur constitué de protides (structure de base : l’acide aminé) qui ont besoin de « carburant » (nutriments représentés par les glucides surtout et les lipides). On conseille généralement une alimentation riche en glucides afin de prolonger la durée de vie des réserves musculaires et hépatiques (foie) en glycogène. La capacité du sportif est directement liée au stockage du glycogène qui permet de maintenir un effort intense sur une plus longue durée, afin d’améliorer les performances sportives. Le suivi diététique du joueur de tennis se révèle primordial dans sa préparation sportive.

Depuis plusieurs années, l’entraînement des joueurs de tennis a considérablement évolué. L’intérêt que les entraîneurs de clubs manifestent pour la programmation de l’entraînement est de plus en plus grande. La préparation physique occupe une place fondamentale dans le processus de formation. Il est donc évident de considérer l’intensité de la pratique sportive pour adapter les principes diététiques de base à la nature particulière du sportif, c’est-à-dire en tenant compte de ses goûts et habitudes alimentaires, afin d’aboutir aux meilleurs résultats.
Ainsi, à l’heure actuelle, les plans d’entraînement destinés à augmenter le potentiel physique de l’individu sont en relation de plus en plus directe avec les exigences imposées par le match, le calendrier des compétitions et dépend bien sûr du niveau des capacités du joueur.

Ainsi, de l’avis général, les joueurs doivent incorporer dans leur programme d’entraînement plusieurs éléments : la souplesse, la puissance, l’endurance et le suivi diététique pour minimiser les blessures, tout en augmentant leur capacité de performance.

Quelles réponses métaboliques lors des matchs chez le joueur de tennis ?

Le joueur de tennis trouve son énergie à la fois dans les voies aérobie et anaérobie, toutes les filières étant présentes à des intensités différentes selon le type de jeu mais aussi la durée du match.

Utilisation des phosphagènes

Cette source énergétique intervient au début de chaque exercice, et plus particulièrement lors d’exercices maximaux et supra-maximaux (supérieurs à la Vitesse Aérobie Maximale ou VAM) où la part d’énergie provenant de cette voie est considérablement importante. Cette réserve, dite  Anaérobie Alactique (ANA), permet à partir d’une molécule de Phosphocréatine (PCr) et d’Adénosine DiPhosphate (ADP), de produire une molécule d’Adénosine TriPhosphate (ATP). Cette filière est principalement utilisée par le sujet lorsque le système de jeu s’apparente au « service-volée » ou « retour-volée ». Les efforts soutenus sont de type maximaux (respiration suspendue) de deux à cinq secondes, donc très courts, entrecoupés de longues périodes de repos permettant la resynthèse en partie des phosphagènes.

Glycolyse à produit terminal lactate

Cette voie est très faiblement utilisée au cours du match étant donné l’aspect intermittent du tennis de compétition caractérisé par des efforts intenses et brefs (de 2 à 10 secondes) entrecoupés par des périodes de repos plus longues (de 20 à 25 secondes environ).

En fonction de l’intensité de l’exercice effectué, les cellules des muscles actifs vont produire plus ou moins d’acide lactique. Ce substrat permet ainsi d’évaluer tout travail physique sur ses aspects à la fois quantitatif (volume et durée de travail musculaire) et qualitatif (fréquence des stimuli). La cinétique du lactate sanguin dépend de la nature et du niveau d’entraînement du sujet évalué, de l’intensité et de la durée de l’exercice, de l’importance de la masse musculaire engagée dans l’exercice, de la constitution des muscles sollicités (% de fibres Fast Twitch et Slow Twitch), de l’âge du sujet et des réserves musculaires en glycogène (régime alimentaire et période d’entraînement).

En général, la comparaison entre les valeurs d’avant-match et d’après-match ne laissent apparaître aucun changement de la lactatémie (léger accroissement). Concernant la glycémie, ils sont plus précis, l’évolution est la suivante : pendant les premières minutes du match, il y a une légère décroissance puis accroissement jusqu’à dépasser le niveau initial au bout des 30 minutes puis stagnation ensuite.

Remarque: concerne l’acide lactique, les concentrations maximales différent d’un sujet à l’autre avec de grosses différences entre les adversaires d’un même match. Plus l’intensité de l’exercice est grande, plus la glycolyse à produit terminal lactate est sollicitée.

Glycolyse aérobie

Cette source atteint son rendement maximal dans un délai de quelques minutes après le début de l’exercice. Elle est très retardée par rapport aux deux précèdentes. A partir de substrats type glycogène musculaire principalement et glucose (sanguin et hépathique), et avec comme accepteur terminal l’oxygène, 39 molécules d’ATP sont produites par mole de glucose (sucre) consommée, énergie utilisée pour la contraction musculaire. Cette filière énergétique est surtout utilisée lors d’efforts largement sous-maximaux et assez longs où le joueur de tennis peut respirer un peu pendant le jeu (quand le système de jeu utilisé s’apparente au  « jeu de fond de court »).

Temps de jeu chez le joueur de tennis

Sur surface synthétique, le temps réel de jeu (T.R.J.) varie de 5min à 13min par heure chez les hommes (chez les femmes, cela va de 8min à 20min). Cette variation dépend de l’aptitude physiologique individuelle (A.P.I.)  qui se présente sous 2 formes : A.P.I. courte (T.R.J. court) et A.P.I. longue (T.R.J. long).

Concernant les jeux, ils durent environ 3 à 5 minutes (avec un repos de 30 ou 90 secondes entre chacun des jeux), les points de 2 à 20 secondes : 2 secondes pour un service gagnant (force explosive), 3 à 5 secondes pour un service volée (moyenne pour des surfaces rapides ; vitesse relevant majoritairement du processus anaérobie alactique (An.A.), vitesse réaction), 10 à 20 secondes pour des échanges longs retrouvés le plus souvent sur surfaces lentes type terre battue. Il y a les échanges longs de fond de court (vitesse résistance ou endurance relevant en majorité du processus anaérobie lactique (An.L.) et de l’aérobie (AE)) à distinguer avec ceux du fond du court associés à des montées au filet (vitesse résistance, An.A. et An.L.).

Distance parcourue chez le joueur de tennis

Les distances sont variables selon le type de surface (rapide ou lente par exemple), la façon de jouer des deux joueurs (fond de court, service-volée,…), leur différence de niveau (plus cette différence est grande, moins la distance parcourue est importante)…

Concernant la typologie des surfaces,  sur des surfaces lentes type « terre battue », les distances parcourues sont nettement plus importantes ainsi que le temps de jeu pour un même nombre de jeux joués. Ainsi, la composante énergétique serait différente et l’alimentation aussi. Et vice-versa pour les surfaces rapides de nature synthétique ou de type « gazon ». Cela s’explique du fait que lorsque que l’on joue sur terre battue, les échanges durent beaucoup plus longtemps, la balle avance moins vite, les joueurs utilisent beaucoup plus les effets et, tout cela a tendance à décelérer le jeu et à augmenter le temps de jeu effectif.

Résultat d’une étude sur les exigences physiques et physiologiques chez le joueur de tennis en compétition

Titre/ Thème de l’étude: Mise en place d’une alimentation spécifique chez le joueur de tennis en relation avec les exigences physiques et physiologiques de la compétition (Nicolas AUBINEAU)

Etude réalisée par mes soins sur des sujets adolescents. Leurs niveaux sont relativement homogènes (Seconde série nationale). Les résultats sont issus de matchs en deux sets gagnants et sont valables seulement dans nos conditions expérimentales : matchs joués sur surfaces dures type Greenset®.

Dans un premier temps, le présent travail a consisté à calculer les distances parcourues et répertorier les actions techniques lors de matchs de compétition.

La suite de l’expérimentation a consisté à filmer les joueurs lors de matchs de compétition au cours de championnats par équipe catégorie « senior » et au cours de tournois.

En parallèle, chacun des joueurs observés était équipé d’un cardiofréquencemètre afin d’enregistrer l’évolution de la fréquence cardiaque au cours des matchs. Ainsi, il est possible de savoir dans quelles zones physiologiques ils se trouvent à un instant T de la partie.

Mesures quantitatives et qualitatives de la distance parcourue

Le premier travail à accomplir après l’expérimentation était de comptabiliser l’ensemble des foulées pour les diverses catégories (distance pas sur la gauche, distance pas sur la droite, distance pas oblique, distance pas arrière, distance pas sprint…) pour exprimer ensuite les distances parcourues.

Ensuite, le travail a reposé sur l’analyse de la fréquence des temps de jeu intense. Le jeu intense est caractérisé par l’ensemble des coups du tennis, à savoir le coup droit, le revers, la volée, le smash et les pas sprint.

Pour réaliser les résultats, il a fallu attribuer à chaque coup ou pas, un temps d’exécution : ceci a pu se réaliser par l’intermédiaire du couplage vidéo- chronomètre. Le déclenchement de l’action correspond au départ et le geste final à la fin.

Ainsi, les valeurs trouvées pour la Volée ou Smash étaient de 1 seconde et, pour les 3 autres coups, 2 secondes, et cela chez l’ensemble des joueurs. En ce qui concerne les Pas sprint, c’est identique et égal à 0,5 seconde par pas.

Mesures physiologiques

L’analyse de la Fréquence Cardiaque (FC) repose sur des pourcentages relatifs à la FC maximale.

Discussion

Analyse de la distance parcourue

Les résultats sont valables seulement dans nos conditions expérimentales : matchs joués sur surfaces dures type Greenset®.

Aussi, il faut prendre en compte le fait que les joueurs n’ont pas réalisé des matchs de même volume si on considère le nombre de jeux :  matchs réalisés en deux sets ou en trois sets. La distance parcourue est d’autant plus grande que le nombre de jeux joués est important ; de même, il existe une proportionnalité entre le temps moyen de jeu et la distance ainsi qu’avec le nombre de jeux.

L’analyse de nos résultats montre que, quel que soit le joueur observé, il y a une forte prépondérance de la marche et de la course peu intense (qui est en fait l’équivalent de l’action de « trottiner ») dans les matchs qui sont représentatives des périodes où les joueurs récupèrent de manière active entre chacun des points joués tout en allant chercher leurs balles ou quand ils se replacent entre chaque échange à l’intérieur d’un point.

Ensuite, l’ensemble sprint-pas obliques avant ainsi que les courses arrière constitue la part de jeu à forte intensité à dominante anaérobie et qui se traduit par des courses du fond du court lorsque le joueur est malmené par l’adversaire ou, alors, dans des situations de montée au filet avec des périodes rapides de jeu de volées et de smashs : elles représentent environ 20% du match, ce qui est loin d’être négligeable. En étant plus près des chiffres en terme de distance, en moyenne, un joueur parcourt à très grande intensité environ 500 mètres sur 50 jeux, soit 10 mètres par jeu, et le reste, c’est-à-dire aux alentours de 2000 mètres, s’effectue en « faible charge ». Sur ces périodes intenses, c’est en général là où se situe le moment crucial de l’échange, à savoir, la perte ou le gain du point d’où la nécessité d’optimiser son rendement physique pour être à 100% à ces instants précis de la partie.

Puis, les périodes intermédiaires constituent des moments où l’organisme peut récupérer de manière active. A l’intérieur de cette récupération, la plus bénéfique et importante correspond aux périodes entre les échanges, caractérisées par l’action de marche (avant et arrière). A ces moment précis, il n’y a pas de possibilité de boire ou de manger, il est donc primordial de bien déterminer l’apport énergétique optimal lors des temps de récupération tous les deux jeux. D’une façon globale, les joueurs de tennis parcourent une distance assez longue avec environ 1500m pour un set assez disputé et sur surface dure. A contrario, plus la surface est lente, comme c’est le cas des terres battues, plus les échanges sont longs et plus la distance parcourue est grande. Il en va de même quand les classements des deux joueurs sont très similaires et qu’ils ont du mal à se départager. Les apports énergétiques seront toujours liquides pour un souci de confort digestif et iso- ou hypotonique pour une meileure absorption et hydratation. L’objectif principal est de prévenir la déshydratation.

Si on considère à présent les variables Coup Droit-Revers, Service, Volée-Smash et Pas sprint, tous ces coups et pas représentent des actions intenses donc, si on s’intéresse au cas Matthieu, au cours d’un match, en moyenne, il effectue 437 coups intenses et 382 pas sprint. Ces actions intenses sont synonymes d’une forte consommation de glucose par les muscles par l’intermédiaire du métabolisme anaérobie alactique et surtout lactique. Ainsi, je préconise l’absorption d’une eau gazeuse bicarbonatée (éventée) couplée avec un peu de sirop à chaque repos suivant les jeux où de nombreuses actions intenses se sont enchaînées en remplacement de la boisson diététique énergétique. Son rôle tampon permet de repousser le seuil critique d’acidose métabolique qui empêche le muscle de fonctionner normalement. Les facteurs limitants de la performance sont, en plus des protons de l’hydrolyse de l’Adénosine TriPhosphate (ATP) et de l’acide lactique, les radicaux libres (stress oxydatif qui attaque les membranes cellulaires et les molécules d’actine et de myosine), l’Inositol Monophosphate (IMP, produit de dégradation de l’ATP, qui, donne l’acide urique au niveau du foie) et une baisse des réserves en glycogène.

Les coups sont joués à une fréquence assez élevée, bien que très inférieure à celle correspondant au haut-niveau et, donc, la diététique apparaît très importante avant, pendant et après l’effort de façon à toujours pouvoir apporter de l’énergie au système neuromusculaire. Cela représente un des points que le joueur de tennis doit prendre conscience  s’il veut espérer gravir des échelons et réaliser des performances.

Analyse de la fréquence cardiaque

Les résultats à propos de la variation de la FC au cours des différentes périodes de temps de jeu font apparaître une certaine régularité et homogénéité. En effet, sur un match complet réalisé sur surface dure, le pourcentage moyen de la FC max se situe entre 70% et 80% de la FC max pour les différents joueurs.

On peut remarquer aussi à propos des mesures de fréquence cardiaque un effet d’abord d’inertie : lorsque le sujet commence à s’activer davantage, la fréquence cardiaque qui est enregistrée au moment M de l’action n’est pas celle correspondant à cette action, car il se produit un retard dû à une latence dans le temps de réaction du système circulatoire et cardio-respiratoire , et donc, c’est plus la valeur de la FC au moment M+1 .

Ensuite, c’est le phénomène de rémanence qui se crée à la fin de l’action où, là, bien que l’organisme ait cessé toute activité et se trouve en période de récupération, la FC demeure élevée avant de décroître progressivement; ceci est dû aux systèmes évoqués précédemment qui ne réagissent pas tout à fait en simultané avec l’action du sujet. C’est pour cela que les valeurs maximales de FC aux temps de repos sont élevées. Ainsi, les valeurs de FC enregistrées ont été sujettes à ces deux phénomènes qui doivent être pris en compte dans notre analyse.

En moyenne, pendant les périodes de jeu intense, la FC se situe entre 75% et 85% de la FC max pour les joueurs. Toutefois, la FC atteint dans les cas extrêmes plus de 95% de la FC max.

Les variantes et exceptions dans les distributions pour quelques-uns de ces matchs sont dues au fait que dans un sport tel que le tennis, la notion de variabilité est grande; en effet, au cours d’un match, plusieurs stratégies peuvent être adoptées en fonction de la configuration que peut prendre celui-ci : ainsi, au niveau physiologique, les conséquences se font ressentir directement et donc le suivi diététique sera différent. Par exemple, un match peut très bien commencer sur un rythme à haute cadence avec des échanges très violents, puis, au fur et à mesure, les stratégies de l’un ou des deux joueurs changent, une nouvelle forme de jeu s’installe et il faudra donc une réadaptation de la part des joueurs. Aussi, un joueur insuffisamment préparé mentalement ou physiquement peut « baisser les bras » changeant ainsi toute la physionomie du match : il ne se battra plus sur chaque point comme au début du match, l’enjeu de la partie ne sera alors plus le même, la notion de stress aura disparu et la FC aura nettement variée dans le sens d’une diminution.

Concernant les diverses séquences de jeu, l’exercice effectué le plus souvent consiste en des périodes de jeu à haute intensité (temps de jeu intense) entrecoupées par des périodes de récupération active (correspondantes aux périodes entre les échanges sans les temps de repos) deux à trois fois plus longues.

Les principales sources énergétiques mises en jeu

En considérant l’ensemble des résultats précédents, on peut dire que les substrats énergétiques préférentiellement utilisés au cours d’un match de tennis pour resynthétiser les réserves en ATP sont la phosphocréatine(PCr) et le glycogène. Lors d’exercices intenses, soutenus et de courte durée qui sont répétés fréquemment au cours du match, leurs réserves sont profondément utilisées entraînant une chute importante de ces sources qui peuvent donc constituer un facteur limitant dans l’optimisation de la performance.

  • ATP et Phosphocréatine

La Phosphocréatine (PCr) constitue le substrat énergétique le plus important dans l’apport d’énergie immédiat à l’effort bref et intense comme ceux observés en cours de match. Par l’intermédiaire d’un turn-over très rapide, elle permet une resynthèse de l’ATP. En effet, la PCr utilisée au cours de l’exercice est reconstituée à hauteur de 70% en 30 secondes, 84% en 2 minutes, 89% en 4 minutes et 97 à 100% en 6 à 8 minutes.

Cette resynthèse de la PCr à partir de nouvelles molècules d’ATP, après un exercice court et intense, nécessite la présence d’oxygène et la vitesse à laquelle elle est réalisée dépend de la qualité oxydative des muscles sollicités. L’alimentation n’intervient pas à ce niveau. L’apport supplémenté en créatine n’a pas d’effet sur la performance si ce n’est que de prolonger l’effort anaérobie alactique. En aucun cas elle n’élève le pool des phosphagènes.

  • Glycogène

Il peut arriver que les réserves en glycogène soient fortement déplétées au cours d’un match, surtout si celui-ci comporte des séquences de jeu intenses et assez longues. Notons que certains échanges peuvent durer plus de 10 secondes sur un rythme assez élevé, le processus métabolique principalement mis en jeu relève du domaine anaérobie lactique et aérobie où le glycogène est fortement déplété. Il s’ensuit une production plus ou moins importante d’acide lactique selon l’intensité.

Plus les échanges sont courts (3 à 5 secondes) et de plus en plus intenses (supérieur à la Puissance Aérobie Maximale ou PMA), plus on va vers le domaine de l’anaérobie alactique où les substrats utilisés sont exclusivement les phosphagènes : PCr et ATP.

Concernant la récupération, la reconstitution des réserves est réalisée à 50% dès la 5èmeheure et la reconstitution totale (concentration initiale) est complète à partir de deux jours environ. Le délai post-exercice dépend de l’importance de la déplétion, du niveau d’entraînement et du régime alimentaire (hyperglucidique).

Toutefois, la déplétion des réserves musculaires de ce substrat dépend de l’importance des réserves initiales, du niveau d’entraînement du sportif, du niveau et de l’intensité du match, du muscle où est réalisé la biopsie et de la qualité des muscles sollicités. D’où l’importance d’une planification alimentaire et d’une ration de précompétition bien structurée.

Le bilan liquidien

Une perte excessive d’eau (et d’électrolytes) a pour conséquence une augmentation de la fréquence cardiaque, une augmentation de la température du corps ou hyperthermie (la thermorégulation est perturbée, c’est-à-dire que la thermolyse ne fonctionne plus bien et cela amène rougeurs, insolation, coups de chaleur = risque mortel), une diminution de la consommation d’oxygène maximale (VO2max), ainsi qu’une baisse du potentiel psychologique qui se traduit par une envie d’abandon pendant la compétition. Composant à 75% le muscle, l’eau s’avère indispensable. Donc un apport d’eau régulier et adapté avant, pendant et après le match permet un maintien de la capacité de performance devant l’effort et un raccourcissement du temps de récupération après l’effort.

De plus, la déshydratation se traduit par une fatigabilité, une baisse de la force musculaire et des réflexes, des accidents musculaires, tendineux : crampes, tendinites, courbatures… des calculs urinaires en cas de déshydratations répétées. Par le maintien d’un volume sanguin suffisant et donc d’une bonne irrigation des muscles, elle permet le transport des nutriments énergétiques jusqu’à ces derniers et une bonne élimination des déchets par l’urine.

Une perte en eau de 2% du corps entraînent une diminution de 20% du rendement physique. Lorsque la soif est là, on est déjà déshydrater. Il faut privilégier l’eau à température ambiante car l’eau trop froide peut entraîner des troubles digestifs. Enfin, le thé, le café, l’alcool sont des boissons diurétiques auxquelles il faut faire attention car elle favorise la déshydratation. Ainsi, il est préconisé :

  • Avant l’effort, la boisson recommandée est l’eau plate. Les derniers jours avant une compétition, il est important d’augmenter les volumes d’eau ingérés afin de constituer de bonnes réserves hydriques et énergétiques. Le jour J, entre le dernier repas et le début de l’effort, il est envisageable de consommer, pour les anxieux, une « ration d’attente » détaillée à l’annexe .
  • Pendant l’effort, il faut boire de façon fractionnée afin de bien irriguer le tube digestif. Ces boissons  doivent être consommées à une température comprise entre 10 et 15 °C, souvent et par petites quantités à intervalles réguliers (tolérance digestive maximale de 600 à 800 ml par heure, voir 1000 ml selon les joueurs…). Il convient de les essayer à l’entraînement… Les boissons énergétiques de l’effort ont un réel intérêt (à ne pas confondre avec les boissons énergisantes inintéressantes pour l’effort). Il faut privilégier les boissons isotoniques ou hypotoniques qui sont absorbées rapidement par le corps. (cf. comparatif des boissons de l’effort). On pourra inclure des gels énergétiques ainsi que des barres énergétiques si le match venait à durer dans le temps. (cf. comparatif des gels énergétiques et comparatif des barres énergétiques)
  • -Après l’effort, il faut boire sans tarder pour compenser les pertes sudorales et s’alimenter pour restaurer les réserves musculaires en glycogène. Il est donc intéressant de boire des boissons de récupération, boissons valables aussi bien pour des efforts de courte que de longue durée. (cf. comparatif des boissons de récupération)

Remarque : L’eau plate est moins bien assimilée donc hydrate beaucoup moins l’organisme qu’une boisson diététique énergétique de l’effort (à base de sodium et glucose +/- fructose +/- maltodextrines) au cours d’un effort physique. Vous pouvez préparer vous-mêmes votre boisson énergétique maison, gel énergétique maison ainsi que votre barre énergétique maison.

Le bilan électrolytique

Les pertes de sels minéraux (notamment par la transpiration) doivent être compensées pour éviter tout dysfonctionnement fonctionnel de l’organisme et la capacité de performance. Les vitamines et minéraux sont non énergétiques mais majeurs quant à leurs divers rôles pour maintenir l’organisme en excellente santé et condition physique.

Une diminution importante de sels type sodium (Na+), chlore (Cl), et potassium (K+) provoque une simple faiblesse musculaire au minimum jusqu’à de fortes crampes. Une diminution importante de magnésium (Mg2+) entraîne des crampes dans le mollet ou des inflammations musculaires. Il faut donc privilégier des eaux minérales naturellement gazeuses « éventées » en cours d’effort type Vichy®, Salvetat®, Badoit® ou Perrier®, en complément de la prise de boissons diététiques énergétiques.

Remarque : Au cours de l’effort la déshydratation a pour résultat  de rendre plus concentrés le sang et les liquides extracellulaires. Cette hyperconcentration est la cause de crampes de chaleur, de maux de tête, de troubles digestifs (vomissement, diarrhée…), troubles fonctionnels, voire même de coups de chaleur. Pour restaurer cet équilibre seul l’absorption d’eau est indispensable. La prise de pastilles de sel très concentrées est donc à proscrire. De plus, éviter les eaux riches en calcium (Ca2+)type Hépar®, Contrex® qui sont des eaux « dures » donc diurétiques.

De plus, si l’effort est très pénible ou si le joueur de tennis suit une alimentation riche en glucides, on note des besoins plus importants en vitamines B1 et C (besoin 2 à 3 fois supérieur par rapport au non sportif). La vitamine B1 intervient dans le passage de l’acide pyruvique à l’acétyl coA et joue un rôle dans le métabolisme des graisses en permettant leur synthèse à partir des sucres.

La glycémie

Le sucre fournit, et ce quel que soit le type d’effort, la majorité de l’énergie requise. Il est reconnu que, au cours du match, un apport exogène en glucides soit effectué afin de prévenir toute hypoglycémie. Il faut, ainsi, boire à chaque période de repos, au moment du changement de côté, quelques gorgées de solution « sucrée » afin de maintenir la glycémie à son niveau et d’entretenir une activation de la sécrétion d’insuline qui permet une meilleure absorption par les cellules, particulièrement les cellules musculaires.

En revanche, il faut absolument éviter d’approvisionner son organisme en glucides rapidement assimilables juste avant le match (environ 15 minutes) car cela provoquerait un pic d’insulinémie entraînant une hypoglycémie au moment de rentrer sur le terrain.

Si le match se prolonge, il y a un risque probable d’hypoglycémie, d’une perte d’eau excessive associée à une perte de sels minéraux. Ainsi, sachant que le cerveau utilise principalement le glucose circulant comme source énergétique pour son fonctionnement, il s’ensuit que lorsque le manque se déclare, particulièrement en fin de match intense, le joueur peut être amené à avoir des troubles psycho-moteurs l’amenant à exécuter des actions mal intentionnées : l’individu n’est plus tout à fait vigilant, « maître de ses gestes » et ne peut donc plus jouer le match de façon optimale.

Ainsi, dans la même logique, je préconise une boisson diététique au cours de l’effort favorisant hydratation, apports en glucides, minéraux et vitamines. A l’effort les processus d’assimilation et de digestion se trouvent  perturbés (par dérivation du flux sanguin au profit des muscles et au détriment du tube digestif). Ce dernier mal irrigué assimile moins bien l’eau. Mais pour être bien assimilé, toléré et donc être efficace, ce mélange doit présenter des caractéristiques particulières :

  • Il doit tout d’abord être isotonique ou hypotonique c’est à dire que sa concentration doit être équivalente ou inférieure à celle du sang (320 mosmol.L-1) ;
  • son pH doit être proche de la neutralité (pH7) voire même légèrement acide de 6,6 à 6,8 ;
  • il doit apporter des glucides sous forme de saccharose, de dextrose, de polymères de glucose, de fructose, la mixité des glucides dans une boisson s’avérant plus intéressante, efficace pour la fourniture d’énergie. Le miel est intéressant pour l’apport de glucose + fructose.

Les boissons diététiques de l’effort prêtes à l’emploi, ou sous forme de poudre à diluer que l’on trouve dans le commerce, se révèlent intéressantes (assurer au cours de l’effort, des apports suffisants en énergie (sucre) et en eau, est primordial pour le maintien de la performance). Cependant, si elles sont trop concentrées (non respect des conseils de dilution), ces boissons deviennent hypertoniques et peuvent provoquer des troubles digestifs et accroître la déshydratation, synonyme de contre- performance.

Cette alimentation liquide est idéale et doit être le support énergétique de base pour les joueurs de tennis :

  • A l’entraînement pour fournir un carburant d’appoint, mais également pour faciliter la récupération après celui- ci .
  • Lors des jours précédant une compétition, afin de favoriser la formation de réserves énergétiques optimales en vue de l’effort à venir.
  • Le jour de la compétition au cours de l’échauffement, de l’effort, en prenant soin de boire aussi régulièrement que possible, par petites quantités, en respectant scrupuleusement les conseils de dilution.
  • En récupération après l’effort pour réhydrater, « reminéraliser » l’organisme et pour fournir de l’énergie pour la réparation tissulaire et une meilleure remise en forme.

Remarque : L’ingestion de solides est à réserver si on peut interrompre l’effort (au moins 1h30 de « pause »), et ou, lever le pied (diminution de l’intensité) ou encore le match se prolonge de manière importante dans le temps (pour les matchs en 3 sets gagnants où la partie est serrée), et permettre ainsi à la digestion de s’accomplir. Je privilégie des aliments non lipidiques et non difficiles à mâcher et assez digestes. Ces aliments, les gels énergétiques, compote énergétique sucrée, compote énergétique salée (pour casser le goût du sucré), purée énergétique,  gâteau sport sucré, gâteau sport salé, banane bien mûre, fruits secs (en évitant notamment les pruneaux), les barres énergétiques, le pain d’épices, pain de mie… devront nécessairement être bien mastiqués, et imbibés de salive avant d’être avalés (cela favorise la digestion et in fine l’assimilation des nutriments).

L’évolution du métabolisme protéique

Il subit des modifications au cours d’efforts importants, efforts que l’on retrouve dans le tennis lors de certaines séquences de jeu intense, en particulier l’anabolisme protéique musculaire est plutôt diminué pendant l’exercice mais augmente après. Le catabolisme est augmenté pendant et après et l’excrétion azotée ne s’élève pas après le travail musculaire, ceci même après épuisement du glycogène.

En fait, pendant l’exercice prolongé, le muscle utilise des acides aminés qui vont conduire d’une part à des acides alpha-cétoniques et d’autre part à de l’ammoniac (NH3). Mais, dans ce genre d’effort, la capacité de détoxication de l’ammoniac dans le foie (cycle de l’urée) est vite saturée, c’est-à-dire que l’urée (CH4ON2) ne s’élève pas mais par contre la concentration d’ammoniac sanguin augmente. Les déchets produits peuvent se « déposer » et contribuer à l’apparition de tendinites. Ainsi, les apports en  protéines devront être normaux et non pas augmentés sous prétexte d’augmenter la force musculaire. Une alimentation excédentaire en protides est néfaste pour l’organisme entraînant une production de déchets accrue. Ces derniers doivent être éliminés, ce qui peut fatiguer la fonction rénale et avoir des conséquences assez lourdes. Une alimentation équilibrée et variée, adaptée aux besoins de l’organisme, permet de satisfaire les besoins en protéines du muscle, au maintien du bon fonctionnement et de la santé de l’organisme, à la réparation et au renouvellement des cellules.

L’acide lactique

Selon le type d’adversaire que le joueur rencontre, selon les qualités du joueur lui-même, de la surface de jeu, l’intensité du match ne sera pas la même : chaque partie de tennis posséde son propre profil physiologique. Les concentrations en acide lactique musculaire et sanguin suivent cette logique. En particulier, la lactatémie varie dans de fortes proportions, à savoir que selon certains auteurs, au repos, juste avant le match, elle est de l’ordre de 1,5 à 2 mmol/l pour arriver jusqu’à 6-7mmol/l en cours de partie.

Il est démontré l’importance des phosphagènes et de la glycolyse aérobie lors d’exercices « intermittents courts ». Lorsque les échanges viennent à durer beaucoup plus longtemps à une même intensité supramaximale, alors intervient de façon importante la glycolyse anaérobie à produit terminal lactate qui entraîne donc une augmentation de la lactatémie.

Ceci pour dire que les valeurs de la lactatémie ne sont pas très importantes en tennis. Cela peut s’expliquer par le fait que, dans ce sport, les actions intenses de jeu sont nombreuses et courtes ( inférieures à 10 secondes le plus souvent) et que les temps de récupération entre chaque échange sont actifs et assez courts aussi (maximum de 25 secondes) favorisant l’utilisation des sources d’énergie immédiate représentées par les phosphagènes (source anaérobie alactique) et les réserves en oxygène de l’organisme (source aérobie). En effet, après un exercice court (inférieur à 6-7 secondes) et intense (supérieur à la PMA (Puissance Maximale Aérobie), c’est-à-dire supramaximal), grâce au couplage PCr-ATP, la phosphocréatine est reconstituée à 70% en 30 secondes et à 84% en 2 minutes (intéressant lors des temps de repos passifs lors des changements de côté) ; les réserves en oxygène sont restaurées totalement entre 20 et 30 secondes (75 à 80% en 10 secondes). Ainsi, concernant la lactatémie, il n’y a pas lieu d’utiliser une boisson bicarbonatée afin de neutraliser l’acidité, sauf lorsque le match est très intense du début jusqu’à la fin, que les échanges durent assez longtemps (supérieurs à 10 secondes) et que les temps de récupération sont écourtés (inférieurs à 15- 20 secondes). C’est le cas souvent lors de matchs se déroulant sur terre battue. Cependant, le lactate n’est pas un déchet, ni surtout une toxine qui empoisonne le muscle, mais bien une source énergétique potentielle utilisable après, ou au cours d’une récupération active ou passive (à condition de ne pas dépasser un certain seuil critique qui est individuel).

Aussi, la quantité de boisson minéralisée est dépendante directement de la cinétique du lactate sanguin dont les paramètres sont la nature et le niveau d’entraînement du sujet, son âge, l’intensité et la durée du match ou de l’entraînement, les réserves musculaires en glycogène (dépendant de la période d’entraînement et du régime alimentaire : si hyperglucidique, alors augmentation du métabolisme lactique. Principe du Régime Dissocié Modifié ou RDM, variante du Régime Dissocié Scandinave ou RDS).

Mise en place d’un questionnaire

Préalablement, j’ai créé un outil statistique visant à connaître d’un peu plus près l’alimentation des joueurs de tennis que j’ai expérimenté et de d’autres tennismen du même niveau. En parallèle, un questionnaire sur leur entraînement leur était proposé afin de mener une étude critique et comparative entre les apports et les dépenses énergétiques sur le plan qualitatif et quantitatif.

Sur une population d’une vingtaine de joueurs de tennis, hommes et femmes, aucun questionnaire n’était semblable et la plurivariabilité des réponses ne m’a pas permis de prononcer de véritables conclusions. J’ai eu des réponses comme « aller manger au fast- food 1h30 avant de jouer une finale (aspect psychologique) », « boire une bière juste après l’effort pour mieux récupérer », « manger 4 à 5 barres Mars® pendant le match ». Dans l’ensemble, quand on discute avec les sportifs qui pratique une activité où la technicité et la tactique sont prépondérant (tennis, basket- ball, rugby…) par rapport aux aspects physiques, alors on échappe à la notion de diététique. C’est donc dans cette optique que j’essaye de démontrer, en prenant les données directement sur le terrain, que performance et diététique sont indissociables quelque soit la discipline.

En étant auto- critique et avec l’expérience, je trouve ce questionnaire un peu trop long et il ne permet pas de cibler le plan alimentaire (associations d’aliments, quantités ingérées,…). Aussi, si l’échantillon avait été plus large (plus de 100 joueurs), alors certaines réponses récurrentes auraient permis d’établir quelques remarques. L’idéal est une enquête alimentaire sur une semaine type d’entraînement et de compétition en période compétitive, plus en rapport avec mon étude nutritionnelle.

En conclusion

A partir de cette étude et de ce constat, j’ai pu ainsi proposer une planification alimentaire chez le joueur de tennis que vous trouverez dans un autre article. Dans ce dernier, je présente la saison sportive type des joueurs de tennis au niveau de leur entraînement physique et l’approche diététique globale spécifique qui est réalisée en distinguant quatre grands cycles:

  • L’intersaison;
  • La préparation physique généralisée (PPG);
  • La préparation physique spécifique (PPS);
  • La période de compétition.

À vos raquettes. 😉

Les autres disciplines abordées

 




Nicolas AUBINEAU
Diététicien Nutritionniste du sport et en clinique