La diététique clinique

Diabète et sport

Par Nicolas - 10 minutes de lecture
diabete et sport

Même si ce n’est pas un régime sportif en tant que tel, le diabète implique de faire attention à son alimentation au sens large, on peut parler de diététique clinique. En France, en 2015, Santé Publique France indique qu’il y a 3.7 millions de personnes qui prenaient un traitement médicamenteux pour leur diabète (soit 5,4% de la population) sans oublier tous les diabétiques qui s’ignorent. Le diabtète de type 2 représente 90% des personnes diabétiques et il est la conséquence directe du mode de vie à l’occidentale : alimentation déséquilibrée, sédentarité, obésité, syndrome métabolique, stress (allant jusqu’au Burn out)…. Les études les plus récentes suggèrent qu’une inflammation chronique de bas grade serait le dénominateur commun de ce mode de vie, et responsable des maladies métaboliques en forte progression, tant dans les pays industrialisés, que dans les zones urbaines des pays en voie de développement. Diabète et sport: utopie ou réalité ? Je vous offre quelques éléments de réponse dans cet article.

Sommaire

Quelles prises en charge des diabétiques ?

La prise en charge officielle du diabète consiste en premier lieu à inciter les patients à des modifications hygiéno-diététiques : activité physique, alimentation, tabac, perte de poids…. La prise en charge diététique consiste à réduire les apports en acides gras saturés et trans, ainsi que les sucres rapides et l’alcool (vin, bière…), et à augmenter la consommation de fruits et légumes, d’acides gras insaturés et de céréales complètes.

Qu’est-ce que le diabète et notamment le type 2 ?

On distingue 2 types de diabète : le diabète de type 1 appelé communément « diabète insulino-dépendant », et le diabète de type 2 nommé couramment « diabète non-insulino-dépendant ». C’est ce deuxième type de diabète qui sera abordé. Il existe également le diabète gestationnel et aussi le diabète post traumatique (après une chirurgie cardiaque par exemple).

Le Diabète de type 2 est une maladie métabolique, à l’étiologie multiple, caractérisée par une hyperglycémie chronique avec une dysrégulation du métabolisme des glucides, des lipides et des protéines. Ces désordres métaboliques sont principalement la conséquence d’un défaut de sécrétion de l’insuline, de son action, ou une combinaison des deux.

Diagnostic du diabète de type 2

Selon l’American Diabetes Association (ADA), le diagnostic du diabète de type 2 repose sur :

  • Un taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) ≥ 6,5%,
  • Et une glycémie à jeun ≥ 1,26 g/L (7,0 mmol/L),
  • Ou une glycémie ≥ 2,00 g/L (11,1 mmol/L) 2h après un test oral de tolérance au glucose.

Le diagnostic peut également être posé suite à l’identification des symptômes classiques de l’hyperglycémie et d’une glycémie ≥ 2,00 g/L (11,1 mmol/L).

Prise en charge thérapeutique du diabète de type 2

Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), les objectifs de la prise en charge thérapeutique du diabète de type 2 sont les suivants :

  • Contrôle glycémique : contrôle de l’HbA1c en l’absence d’hypoglycémie sévère, à adapter en fonction de l’âge, de l’ancienneté du diabète, des situations particulières et du risque hypoglycémique ;
  • Contrôle des facteurs de risque associés.

La HAS identifie 3 axes majeurs d’intervention :

  • L’éducation thérapeutique est relative à l’apprentissage et l’évaluation des connaissances du patient diabétique.
  • La modification du mode vie consiste en particulier en une planification alimentaire et une lutte contre la sédentarité. L’objectif de la prise en charge diététique est principalement la correction des principales erreurs alimentaires qualitatives : réduction des lipides saturés, des sucres raffinés et de la consommation d’alcool. Il est aussi recommandé une alimentation riche en fibres, en graines entières et légumes, et une diminution de la consommation d’aliments ayant un index glycémique élevé, et plus globalement une baisse de l‘apport calorique quotidien.
  • Le choix des traitements pharmacologiques et les objectifs de traitement doivent être adaptés en fonction du patient.

L’ensemble de la prise en charge thérapeutique du patient présentant un diabète de type 2 a pour objectif final de minimiser les complications à long terme en limitant les évènements hypoglycémiques sévères. Les résultats des essais cliniques montrent que si le contrôle intensif de la glycémie retarde et diminue la progression des complications microvasculaires (néphropathie, rétinopathie, neuropathie…), les résultats sur la mortalité cardiovasculaire et la mortalité toutes causes sont plus disparates, avec notamment une étude qui montre une augmentation de la mortalité toutes causes. Ainsi, les bénéfices microvasculaires liés à un management intensif de la glycémie doivent être balancés avec les risques potentiels. 

Le sport au coeur de la prévention du diabète

Pratiquer une activité sportive permet d’avoir une bonne condition physique, de s’épanouir psychologiquement mais également de prévenir les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension artérielle, l’apparition du cancer, de maitriser son stress, de maintenir un poids de forme ou de permettre de ne pas reprendre des kilos après un régime…

Le sport a également une action préventive et curative du diabète en raison de son effet hypoglycémiant : le dosage de la glycémie avant le début d’un sport et 1 à 2 heures après un effort de 30 minutes environ, met en évidence une baisse significative de la glycémie. Pratiquer une activité physique représente un véritable traitement d’un diabète de type II, aussi important que les règles diététiques et les médicaments. Pratiquer une activité physique régulière est fondamental dans le traitement du diabète. Gary Hall, sportif américain de haut niveau, atteint d’un diabète a gagné plusieurs médailles aux JO de Sydney en 2000.

Quels sont les bénéfices de l’activité physique pour les diabétiques ?

Les bénéfices de l’activité physique par rapport au diabète sont nombreux:

  • Amélioration de la sensibilité à l’insuline.
  • Amélioration de la tolérance au glucose.
  • Amélioration de l’équilibre glycémique.
  • Amélioration des facteurs de risque vasculaire associé (profil lipidique dont cholestérol, triglycérides…, pression artérielle, microalbuminurie, fibrinogène sanguin…)…

Tous ces bénéfices ont des répercussions au niveau psychologique avec une meilleure acceptation de la maladie, une meilleure intégration sociale, une intégration de la notion de challenge par rapport à la maladie et surtout une diminution du stress.

Lutter contre la sédentarité

Il faut avant tout modifier ses habitudes quotidiennes afin d’augmenter l’activité musculaire :

  • Monter les étages par l’escalier, limiter les ascenseurs et escaliers mécaniques (escalators),
  • Se déplacer en marchant ou en vélo plutôt qu’en voiture,
  • Descendre à l’arrêt de bus ou de métro précédent celui prévu,
  • Jardiner,
  • Bricoler…

Un suivi médical renforcé en cas d’activité physique

Avant de débuter une activité sportive, il est indispensable de consulter son médecin diabétologue qui conseillera l’adaptation du traitement prescrit (médicaments et/ou injections d’insuline), et conseillera dans la grande majorité des situations d’effectuer un bilan cardio-vasculaire, un bilan ophtalmique, un bilan podologique…

La consultation médicale permet de (liste non-exhaustive) :

  • D’orienter vers un diététicien nutritionniste pour un suivi alimentaire personnalisé au regard des besoins spécifiques de la personne diabétique,
  • Choisir le sport le plus adapté à sa condition,
  • Déterminer le rythme et l’intensité du sport,
  • Connaître les sports dangereux contre indiqués (par exemple le parachutisme, l’alpinisme, l’aviation…),
  • Prévenir l’apparition d’épisodes d’hypoglycémie,
  • Envisager la nécessité de réaliser un test d’effort,
  • Connaître les précautions à prendre,
  • Vérifier l’absence de contre-indication avec d’autres médicaments prescrits,
  • Prescrire un fond d’œil (FO), examen demandé presque systématiquement,
  • Prévoir un examen des pieds chez un podologue,
  • Tenir un carnet d’auto-surveillance : contrôler la glycémie, les écarts alimentaires, noter la survenue des malaises,
  • Savoir adapter la dose d’insuline à injecter suivant l’intensité de l’effort: efforts de plusieurs heures programmées (randonnée, marche, vélo… ), efforts intenses mais brefs, d’une durée inférieure à 2 heures (tennis, badminton, football, rugby, triathlon, 10 km,…),
  • Pour les diabétiques insulinodépendants : contrôler la glycémie régulièrement avant, pendant et après l’effort afin d’adapter la dose d’insuline,
  • Reconnaître les principaux signes de l’hypoglycémie qui peuvent apparaître pendant l’exercice ou plusieurs heures plus tard…

En tout état de cause, un contrôle systématique de la glycémie et une parfaite hygiène des pieds sont indispensables.

Les conseils avant de pratiquer une activité sportive

Commencer toujours progressivement. Le démarrage ou la reprise d’une activité sportive doivent se faire modérément. Une activité sportive modérée permet de parler au cours de l’exercice.

  • Il faut s’échauffer avant l’exercice et récupérer après : l’activité doit débuter par 5 à 10 minutes d’échauffements et se terminer par 5 à 10 minutes de retour au calme (récupération). En parallèle, il faudra veiller à boire suffisamment (1,5l minimum d’eau par jour, 2 litres optimal) et à vérifier le taux de sucre dans le sang régulièrement,
  • Avoir toujours quelques sucres (ou petites barquettes de miel, confiture, compote à boire…) sur soi en permanence. Le fluide type miel liquide est plus facilement absorbé au niveau de la muqueuse buccale très capillarisée.
  • Choisir un sport facilement réalisable. Les exercices recommandés : la marche, le jogging, le cyclisme, la natation, le rameur, l’aquabike, l’aquagym, la gym douce…
  • Choisir un sport qu’on aime pour entretenir la motivation, clé de voûte de la réussite sur le temps,
  • L’activité doit être régulière tout au long de la semaine : la répétition de plusieurs séances par semaine est indispensable. Le corps a une mémoire de 48 heures, donc tous les deux jours est une fréquence minimale, tous les jours est une fréquence optimale pour sensibiliser positivement l’organisme (cf. paragraphe Bénéfices de l’activité physique).

Conclusion sur le diabète et sport

Au niveau de la nutrition chez le sportif diabétique, le tableau est similaire au sportif non diabétique mais le risque d’hypoglycémie et plus marqué en fréquence et sévérité. Ceci impose donc une adaptation du schéma insulinique, si insuline il y a, et une surveillance glycémique adaptée et renforcée.

Enfin, il faut tenir compte de la tolérance individuelle, chaque athlète est unique, il n’ y a pas de standard, ce qui demande donc que les protocoles diététiques soient individualisés au maximum en fonction des caractéristiques spécifiques du sportif, de son environnement, de son traitement médical et de son activité sportive. Ainsi, le sportif devra se faire suivre en prévention par un médecin du sport et un médecin diabétologue, ainsi que par un staff paramédical complémentaire comprenant diététicien nutritionniste, psychologue, kinésithérapeute…

Les autres conseils sur la diététique clinique

 




Nicolas AUBINEAU
Diététicien Nutritionniste du sport et en clinique