La nutrition du sport

Les allégations dans le sport

Par Nico - 8 minutes de lecture
allegation complement alimentaire

En 2012, un nouveau règlement européen a profondément bouleversé la façon de communiquer sur les bénéfices de l’alimentation. La nutrition sportive, considérée comme un des champs d’application de ce règlement a été également fortement impactée… Focus !

Sommaire

Quelles sont les différentes allégations ?

 

Le règlement allégations s’applique aux allégations nutritionnelles (source de « vitamine c » par exemple) et de santé (« contribue à réduire la fatigue » par exemple) formulées dans les communications à caractère commercial (supports promotionnels tels que l’étiquetage, catalogues, etc.) dès lors que les denrées alimentaires en question sont destinées à être fournies en tant que telles au consommateur final.

La définition d’une allégation est donnée à l’article 2 : « tout message ou toute représentation […], y compris une représentation sous la forme d’images, d’éléments graphiques […], qui affirme, suggère ou implique qu’une denrée alimentaire possède des caractéristiques particulières ».

Concrètement, dès lors qu’un aliment revendique des bénéfices nutritionnels spécifiques ou des bénéfices sur la santé humaine, ces propriétés doivent avoir été autorisées au préalable par la Commission Européenne.

Deux exemples pour illustrer les 2 types d’allégations qui existent :

  • « Riche en magnésium » est une allégation nutritionnelle. Elle signifie que la denrée alimentaire contient du magnésium en quantité suffisante pour revendiquer cette allégation.
  • « Le magnésium contribue à une fonction musculaire normale » est une allégation de santé. Elle précise le bénéfice du magnésium sur l’organisme (cette allégation n’est possible que si la denrée en contient en quantité suffisante).

Comment obtenir une allégation ?

Avant tout, il est utile de préciser que pour obtenir une autorisation sur une nouvelle allégation, la démarche pour l’industriel ou le metteur sur le marché est relativement longue et complexe. En effet, c’est l’EFSA (Agence Européenne de Sécurité Alimentaire) qui a la charge d’examiner le fondement scientifique des données transmises et c’est donc elle qui va établir s’il existe un lien entre la denrée alimentaire (objet du dossier) et l’allégation de santé demandée par le pétitionnaire.

Une fois ce « graal » décroché (publication d’un avis positif), le processus législatif suit son cours. C’est la Commission Européenne qui va ou non autoriser la dite allégation objet de la demande. Seul un texte de loi établit l’autorisation formelle d’utiliser l’allégation de santé (qui peut être soit générique c’est-à-dire utilisable par tout à chacun dès lors que les conditions d’utilisation sont respectées, soit exclusives lorsque le demandeur a transmis des données

Comment sont vérifiées les allégations ?

En France c’est la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) qui est en charge de vérifier la bonne application de ce règlement européen et ce n’est pas une mince affaire ! Contrôler l’ensemble des étiquetages des produits vendus sur le marché français, que ce soit dans le domaine de la nutrition sportive ou pour toute autre denrée alimentaire, est un combat sans fin. Imaginez, le nombre de références ! Même avec des surveillances étroites, il reste très compliqué pour notre administration de vérifier toutes les informations en matière de communication santé ou nutritionnelle… Et je ne parle pas ici de toutes les autres mentions qui doivent obligatoirement figurer les étiquetages (ingrédients, mode d’emploi, conservation, allergènes, etc.). C’est pourquoi plutôt les sanctions prévues en cas d’infraction au règlement allégations sont très dissuasives (exprimées le plus souvent par unité de boite vendue, ce qui peut vite chiffrer… !). Vous l’aurez compris, mieux vaut respecter les règles européennes en la matière.

Les allégations dans la nutrition du sport

En premier lieu, rappelons l’objectif premier de ce texte : il a été établi pour garantir au consommateur l’accès à une information claire et loyale et mettre ainsi fin aux « tambouilles »… Parmi les plus courantes dans notre milieu : les produits vantant les effets « anti-crampes », « antioxydants » « efficacité prouvée » (avec la mention en bas de page rédigée en tout petit « étude réalisée en interne »)…

Théoriquement, la communication santé qui est faite sur une boisson isotonique de l’effort, une barre énergétique ou sur un gel énergétique doit donc respecter les critères définis par ce règlement. Ainsi, vous trouverez le plus souvent des libellés du type : « Contient de la vitamine C. La vitamine C contribue à réduire la fatigue ». Cette allégation de santé figure parmi la liste des 222 allégations génériques (communes) mises à disposition des industriels.

Pour l’utiliser, il convient simplement de respecter les conditions d’utilisation prévues par le texte à savoir la notion d’une dose seuil. Pour la vitamine C par exemple, le produit doit contenir au minimum 15% des VNR (Valeurs Nutritionnelles de Référence ou AR : Apports de Référence) pour revendiquer la mention « Source de vitamine C ».

NB : Il existe un véritable débat autour de la dose à considérer pour établir le seuil des 15% : car entre des VNR pour 100 ml de boisson reconstituée ou pour 100 g de poudre (avant reconstitution) ou encore pour 1 gel (1 portion) ou pour 100 g de gel. Il est recommandé d’exprimer la dose par portion ou pour 100 ml suivant si le produit est en stick (dose unitaire) ou en pot. C’est pour cela que certaines marques insistent sur 100g de produit et non un contenant (notamment les gels) !

Le texte prévoit également la possibilité pour un opérateur de revendiquer un bénéfice sur un formule complète c’est -à-dire constituée d’une combinaison d’ingrédients mais le dossier à fournir pour justifier de la véracité de l’allégation est alors beaucoup plus complexe et coûteux (budget relatif à la réalisation des études cliniques, montage du dossier et durée d’examen, etc.).

Quels actifs bénéficient des allégations ?

Voici la liste non exhaustive des actifs concernés par les allégations :

  • les vitamines A, C, D, E, K et celles du groupe B,
  • les minéraux tels que zinc, potassium, magnésium, calcium, phosphore (non exhaustif),
  • les macronutriments : glucides, protéines,
  • les plantes : les allégations relatives aux substances botaniques ou aux plantes sont aujourd’hui pour la plupart dans un statut particulier « mises en attente » d’évaluation par la Commission Européenne qui peine à trouver une méthode d’évaluation fiable et acceptable pour les opérateurs… Aucun calendrier prévisionnel n’est à l’ordre du jour pour le moment. Concrètement cela signifie que ces allégations portant sur les plantes peuvent continuer à être utilisées par les industriels (ils doivent toutefois tenir à disposition des autorités des données bibliographiques leur permettant de justifier les bénéfices mis en avant).

NB : Prenons l’exemple des acides aminés branchés dits BCAAs (entre autres) qui ne possèdent pas d’allégations autorisées. Pour rappel, ils sont issus des protéines, cependant, il est donc est interdit de revendiquer des bénéfices particuliers pour cet ingrédient. Cela ne signifie pas qu’ils sont inintéressants cela signifie simplement que les experts scientifiques n’ont pas établi de lien de cause à effet entre les données issues de la littérature scientifique disponible et les effets classiquement revendiqués avant l’entrée en vigueur du texte. Donc dire que les BCAAs « participent au maintien de la masse musculaire » est interdit, cette allégation n’est valable que pour les protéines. 

Concrètement, comment s’y retrouver avec les produits de nutrition sportive ?

Ouvrez l’œil, lisez les compositions nutritionnelles et comparez les doses pour 100 g et par portion…Soyez particulièrement vigilants aux doses comparables entre elles.

En conclusion, ce n’est pas tant la communication santé ou les allégations indiquées sur le packaging qui doivent vous orienter vers telle ou telle référence mais plutôt un faisceau de critères qualité : analyse nutritionnelle adaptée, une liste d’ingrédients propre et des promesses simples. Si vous tombez sur un produit miracle, mon conseil c’est de passer votre chemin et de garder un œil critique. Car soyons clairs, malgré cet environnement réglementaire contraignant, les contrôles ne sont pas assez nombreux et beaucoup de marques continuent à enfreindre la Loi en ce qui concerne la communication nutritionnelle et de santé.

N’oubliez pas de regarder mes comparatifs barres, boissons et gels et vous verrez une certaine corrélation note qualité et actifs allégués !

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Nicolas AUBINEAU
Diététicien Nutritionniste du sport et en clinique